Nous avons rencontré Manon, 28 ans, bergère depuis 3 ans à Granier, sur le versant du soleil face à La Plagne. Avec son sourire franc et ses yeux qui pétillent, nous avons tout de suite su qu’elle nous raconterait une belle histoire, son histoire. Et puis, son duo avec Tim semble porter ses fruits : sur le marché, ses yaourts et ses fromages partent comme des petits pains ! On a voulu percer ses secrets et entrer dans sa vie de bergère, l’espace d’un instant.
Mais avant tout, comment devient-on bergère ?
Manon a la passion des animaux. Afin de concrétiser cette affection, elle se lance dans un brevet professionnel de responsabled’exploitation agricole. Elle y rencontre Timothé, ils décident tous les deux de tenter l’expérience de l’alpage. Manon ne le sait pas encore, mais ce sera son déclic. Là, en-haut dans les montagnes, à cheval entre le Beaufortain et la Tarentaise, elle est au plus près des bêtes. Elle vit avec et grâce aux animaux, les soigne, les garde, les mène.
Pour murir le projet de la bergerie de Bonvillard, il leur faudra du temps, une formation en transformation fromagère à l’ENIL de Poligny, et une bonne dose de courage : à 25 ans, ils créent leur entreprise et s’installent à Granier.
Et alors, idylle professionnelle ou confrontation avec la/sa nature ?
A en croire son rire sonore, Manon vit une idylle. Après 3 ans d’exploitation, elle peut se dire heureuse : elle vit grâce à son cheptel de brebis, elle est son propre patron, chaque jour est une découverte. Selon ses dires, « le bonheur c’est quand tu te lèves aux aurores pour retrouver tes 150 ‘dudus’ encore endormies ». Bref, rêve atteint.
Quand on lui demande ce qu’elle aime dans son métier, elle répond tout et ajoute : « quand je vends mes fromages sur le marché, je suis fière de savoir que c’est moi qui les ai faits. Ce sont nos brebis qui produisent la matière première et nos mains qui façonnent les tomes. ». Cette diversité d’activités contribue à l’intérêt d’un tel métier et à la passion qu’il nécessite.
Parce qu’il existe forcément un revers de la médaille. Être bergère, c’est impliquant. C’est travailler 7 jours/7 d’octobre à août, se lever avant le soleil et vivre avec les aléas du vivant. Une brebis malade n’attend pas, pas plus qu’un orage ! Ceci-dit, si Manon a été surprise, c’est surtout de la facilité avec laquelle elle s’est impliquée. Elle qui n’a jamais été du matin…
Une journée avec Manon, ça donne quoi ?
4h30 – réveil, elle se rappelle qu’elle aime son métier et monte en alpage retrouver ses brebis
5h30 – c’est la traite du matin, elle est aux premières loges pour le lever de soleil
6h30 – pendant que Manon met les brebis en champs, Tim commence la transformation du lait de la veille (démoulage, chauffage, moulage des yaourts)
7h30 – Manon rejoint Tim à la fromagerie avec le lait trait plus tôt et tous les deux entrent en « fabrication » jusque midi
12h00 – pause déjeuner et sieste !
14h00 – retour en fromagerie pour sortir les yaourts de l’étuve et préparer le marché du lendemain
15h00 – Manon et Tim remontent en alpage, les « dudus » les attendent impatiemment
16h30 – seconde traite de la journée
17h30 – retour en fromagerie avec le lait
18h30 – ouverture de la boutique pour la vente en direct ; nous vous conseillons d’emmener les enfants, ils seront conquis par les animaux de la ferme et l’accueil des bergers !
19h30 – fin de la journée (ouf !)
On vous a mis l’eau à la bouche ?
A force de parler fromage, vous imaginez un beau morceau sur votre plateau ? Nous aussi ! Retrouvez la bergerie de Bonvillard chaque semaine sur les marchés de Moûtiers, Aime et Bourg-Saint-Maurice. Vous pouvez aussi vous rendre directement à la ferme en fin de journée. Consultez les horaires sur la page Facebook.
Pour y trouver quoi ? Leur spécialité, le Brebichon. Proche du Reblochon par sa texture et son crémeux, il possède les qualités du fromage de brebis : plus léger et plus digeste. Fondu sur des pommes de terre ou cru avec un verre de vin, le brebichon vous surprendra. Tim et Manon font aussi de la tome, du bleu et des yaourts.
La gamme est large et répond à une demande forte. La tendance du lait de brebis aidant, le succès a été rapide. Et Manon s’amuse avec ses clients, l’une d’elle lui confiant : « je n’ai toujours pas dit à mes enfants qu’ils mangeaient du yaourt de brebis ! C’est tellement doux qu’ils ne sentent pas la différence… »
Le saviez-vous ? Il est le meilleur ami de l’homme et aussi un travailleur acharné : le chien, évidemment. Bras droit du berger, les uns gardent les troupeaux tandis que les autres les conduisent. Timothée en a fait un art et participe à des concours où les chiens de troupeaux font montre de leurs capacités. Autant dire que les brebis de Bonvillard ont trouvé leur maître !